Catherine HERZIG

Traverser le deuil : repères et soutien psychologique

Le deuil est une expérience universelle et pourtant profondément intime. Perdre un être cher bouleverse notre monde intérieur, modifie nos repères et réveille en nous des émotions d’une intensité rare. En tant que psychologue, j’accompagne régulièrement des personnes traversant cette épreuve, chacune avec sa propre histoire, son propre rythme.

Comprendre le deuil : une réponse naturelle à une perte

Le deuil n’est pas une pathologie. C’est une réponse humaine, saine, à une perte significative. Si la mort d’un proche est le contexte le plus connu, le deuil peut également survenir après une séparation, une fausse couche, la perte d’un emploi, ou même un changement d’identité ou de mode de vie. Il s’agit d’un processus d’adaptation, souvent chaotique, qui nécessite du temps et de la bienveillance envers soi-même.

Les étapes du deuil : des repères, pas une règle

On parle souvent des étapes du deuil (choc, déni, colère, tristesse, acceptation…), mais il est important de ne pas les considérer comme une marche linéaire. Le deuil est tout sauf prévisible.

👤Célia, 42 ans, a perdu sa mère après une longue maladie. Les premiers mois, elle s’est montrée étonnamment calme. Ce n’est qu’au bout de six mois, à l’occasion de l’anniversaire de sa mère, qu’une vague de chagrin l’a submergée. Elle s’est sentie « en retard » dans son deuil, mais il n’y a en réalité pas de calendrier universel.

Les manifestations du deuil

Le deuil se manifeste à plusieurs niveaux :

  • Émotionnel : tristesse, colère, culpabilité, peur, soulagement parfois.
  • Physique : fatigue, troubles du sommeil, perte d’appétit, douleurs.
  • Comportemental : isolement, agitation, recherche de signes de la personne perdue.
  • Cognitif : difficulté de concentration, pensées obsédantes.

👤Marc, 29 ans, a perdu son frère dans un accident. Il se disait incapable de penser à autre chose pendant plusieurs semaines, obsédé par l’idée qu’il aurait pu empêcher l’accident. Ce n’est qu’en mettant des mots sur sa culpabilité en thérapie qu’il a commencé à respirer à nouveau.

Ces réactions sont normales. Elles témoignent de la réorganisation intérieure qui s’opère face à la perte.

Le rôle du psychologue dans le travail de deuil

Certaines personnes traversent leur deuil avec leurs ressources personnelles et le soutien de leurs proches. D’autres ressentent le besoin d’un accompagnement professionnel, notamment lorsque la souffrance devient trop envahissante ou qu’un sentiment de blocage persiste.

En consultation, le psychologue offre un espace sécurisant pour mettre des mots sur la perte, accueillir la douleur sans jugement, explorer le lien avec le défunt, et peu à peu réinvestir la vie.

👤Farid, 53 ans, a perdu son père il y a plus de dix ans, mais c’est lors de la retraite qu’un effondrement s’est produit. La perte, longtemps enfouie sous le rythme de la vie active, est remontée brutalement. Le travail thérapeutique lui a permis d’entrer enfin dans un processus de deuil jusque-là suspendu.

Quand consulter ?

Il n’y a pas de délai pour consulter. Certains viennent dès les premiers jours, d’autres des mois ou des années après la perte. Des signaux d’alerte peuvent inciter à demander de l’aide : un repli durable, une grande culpabilité, des idées noires, ou le sentiment de ne jamais pouvoir « s’en remettre ».

En conclusion

Faire son deuil, ce n’est pas tourner la page. C’est apprendre à vivre avec l’absence, à donner un sens à ce qui a été vécu, et à se reconstruire. C’est un chemin profondément personnel, parfois long, souvent douloureux, mais qui peut aussi être porteur de croissance intérieure. Si vous vivez cette traversée, sachez qu’il n’est pas honteux de demander du soutien. Vous n’êtes pas seul.

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