Catherine HERZIG

Dépendance et autonomie

L’autonomie, l’indépendance ou la dépendance

Comment vous sentez-vous dans votre vie, êtes-vous indépendant, êtes-vous autonome ou dans une relation de dépendance ? Je précise que je vais écrire au masculin pour plus de facilité mais cela s’adresse également aux femmes bien évidemment. Révisons un peu de théorie pour comprendre ce qu’est vraiment l’autonomie, spécifiquement affective par rapport à l’indépendance. Ces définitions sont celles que j’ai appris à l’école Ecoute ton Corps. Une personne AUTONOME est celle qui a la faculté d’agir librement et surtout de pouvoir décider par elle-même de ce qu’elle veut. Ce qui la différencie de la personne indépendante, c’est que si elle n’arrive pas à satisfaire ses besoins par ses propres moyens, elle est capable de faire ses demandes et de solliciter de l’aide si besoin. De plus, lorsqu’elle demande de l’aide, elle accepte de se faire dire non, car elle ne dépend pas d’une personne en particulier. Elle trouvera quelqu’un d’autre pour l’aider en cas de refus. La personne INDEPENDANTE est en réaction à la dépendance. Elle ne veut pas admettre qu’elle puisse être dépendante au plus profond d’elle-même. Elle décide donc de devenir indépendante, c’est-à-dire de ne compter que sur elle-même. Elle ne s’autorise à demander de l’assistance que dans une situation d’extrême urgence car, pour elle, réclamer de l’aide signifie être perçue comme étant quelqu’un de dépendant ou de faible. Si on lui refuse cette aide, elle vit énormément de colère parce que cela lui confirme qu’elle ne peut compter que sur elle-même. La personne DEPENDANTE s’attend à ce que ses désirs ou ses besoins soient pris en charge par lesautres. Elle est convaincue qu’elle est incapable d’y  arriver par elle-même. Elle a une piètre image d’elle-même, ce qui a pour effet qu’elle n’arrive pas à s’estimer et à avoir confiance en elle. Elle se sent impuissante lorsque son manque affectif n’est pas pris en charge par une autre personne. Elle vit beaucoup d’attentes et d’émotions dans ses relations avec les autres. Maintenant que nous avons révisé ces notions, que pouvons comprendre sur nos relations de couple ou nos relations avec les autres en général. Je vais vous parler de mon expérience et de mon évolution personnelle. Lorsque j’étais plus jeune, entre 20 et 25 ans, j’étais indépendante, je voulais tout faire seule et demander de l’aide était pour moi une faiblesse. Je ne voulais surtout plus dépendre de mes parents et je pensais mener ma vie professionnelle et personnelle en toute indépendance. J’avais MON appartement, je gérais mon argent et je ne demandais à personne l’autorisation de dépense MON argent comme je le voulais. J’étais donc en forte réaction à la dépendance et j’étais dans un extrême. Lorsque j’ai eu 28 ans j’ai rencontré mon mari, j’ai basculé dans l’autre extrême, celui de la dépendance relationnelle et affective. J’ai placé tout de suite mon mari sur un piédestal et je me devais de lui demander son avis pour toutes décisions, je devais dépenser l’argent seulement avec son aval. J’avais décidé inconsciemment que cette relation ne pouvait fonctionner que si je me plaçais en dessous de mon mari et que lui étais en charge de ma vie. Cette relation a continué comme cela pendant plusieurs années puisque j’avais la croyance très ancrée, qu’une femme mariée était dépendante de son mari et que lui avait plus de pouvoir, parce que c’était un homme. Puisque cette croyance était ma réalité, un couple marié ne pouvais que fonctionner ainsi. Au fond de moi cette dépendance ne me convenait pas, je rêvais d’être indépendante à nouveau. Malheureusement, lorsque l’on a passé près de 15 ans à se laisser diriger, à permettre d’être contrôlée pour quasi tout par son conjoint, comment être confiante de pouvoir se débrouiller seule, de pouvoir décider seule ? Comme ma dépendance ne me convenait pas au plus profond de moi, dès que mon mari semblait dépendant de moi, cela m’était insupportable et je le critiquais beaucoup. Ce genre de relations de dépendance se manifeste à plusieurs niveaux, on peut être dépendant de – De l’opinion ou de l’accord de l’autre, nous n’acceptons pas notre différence et nous nous sentons aimé que lorsque l’autre est d’accord avec nous. – Des compliments de l’autre, on parle alors de tout ce que l’on a fait de bien. Lorsque nous plaisons aux autres, nous nous sentons aimés. – De la reconnaissance de l’autre, nous adorons que l’on reconnaisse nos compétences, nos talents, nous nous sentons aimés en étant important. – De la présence de l’autre, nous ne pouvons pas faire quoique ce soit en étant seul, nous avons besoin de nous sentir soutenu par l’autre, cela nous apporte de la sécurité. Nous sommes incapables de nous donner de la sécurité en étant sans l’autre à nos côtés. – De l’attention de l’autre, nous cherchons à être le centre d’intérêt et nous faisons tout, plus ou moins consciemment, pour attirer l’attention. Nous pouvons même tomber malade pour être chouchouté et avoir une attention particulière. – De se sentir utile, plus nous nous sentons indispensables, plus nous nous sentons aimés. « Il n’y a que moi qui peut gérer cette situation », « que Maman qui peut calmer son enfant », « que Maman qui sait faire les valises », etc. – Du bonheur de l’autre, plus nous nous occupons de l’autre, plus l’autre est heureux, plus nous nous se sentons aimés. Nous nous en voulons si l’on déplait aux autres et nous sommes dans la fusion. Alors comment sortir de ces relations de dépendance sans basculer carrément dans l’indépendance ? L’autonomie affective est différente de l’indépendance. Une personne autonome, n’est pas seule contrairement à la personne indépendante. L’idéal dans un couple c’est que les deux partenaires soient autonomes. Lorsque nous sommes autonomes, nous sommes capables d’agir librement sans l’avis de l’autre. Nous n’attendons pas sur notre partenaire qu’il comble nos besoins. Nous pouvons faire nos demandes clairement tout en acceptant que l’autre ne puisse pas nous aider dans le moment présent. Nous nous sentons en sécurité même lorsque nous sommes seuls. Notre sécurité nous vient de l’intérieur et nous n’attendons plus sur notre partenaire pour donner cette sécurité. Cela peut paraître égoïste, mais si l’on s’occupe librement de nos besoins sans empiéter sur les besoins des autres, nous ne sommes pas égoïstes, nous sommes autonomes et libres. Pour ma part, lorsque j’étais dans cette relation de dépendance affective, je me critiquais de l’être mais lorsque j’envisageais de quitter mon mari, je pensais tout de suite ne jamais pouvoir me débrouiller seule. Je m’imaginais seule, sans aide, sans savoir décider ce qui serait bon pour moi et en pensant être incapable de gagner ma vie seule. Lorsque j’ai travaillé sur moi avec ma thérapeute et durant la formation de l’école Ecoute ton Corps, j’ai pu comprendre pourquoi j’avais la croyance qu’une femme devait se trouver dans une relation de dépendance lorsqu’elle était mariée. J’étais dans un conflit intérieur entre mon désir d’être indépendante et ma croyance qui me dictait qu’on ne pouvait l’être en étant mariée. J’ai été cherché dans les comportements et attitudes de ma famille, grâce à la psycho généalogie, ce qui m’a permis de transformer ce conflit interne en liberté et en autonomie. Je me suis permise de reconnaître et accepter ma dépendance, accepter que j’avais décidé à un moment de ma vie que les relations de couple ne pouvaient être que comme cela. J’ai accepté aussi que je me sentais indispensable dans ma famille pour me sentir importante. Je n’avais aucune confiance dans le fait de pouvoir gagner ma vie seule, de m’installer en cabinet et décider pour moi-même. En même temps, je craignais de changer, d’évoluer vers l’autonomie et que mon couple ne résiste pas à ce virage, à ce profond changement. Lorsque j’ai retrouvé de la confiance en moi, de la sécurité et que je me suis moi-même validée dans mes choix, mon mari m’a regardé différemment, il est à présent fier de moi et se sent même soulagé que je ne dépende plus entièrement de lui. C’est un cheminement qui continue chaque jour par petits pas vers l’amour de moi.

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